Quand on demande à Dave Longstreth – membre fondateur et leader de Dirty Projectors – ce que signifie Bitte Orca, le titre de son nouvel album, voici sa réponse : "Le mot bitte, c’est juste un mot allemand qui veut dire s’il vous plait et orca, c’est cette fameuse baleine carnivore. Je suppose qu’il n’y a pas de traduction littérale qui donne un sens à cette phrase. Mais j’aime la façon dont sonnent ces deux mots ensemble". Volontaire ou non, le choix fait pour ce titre d’album, est en tout cas parfaitement à l’image de l’univers musical de Dirty Projectors : des sonorités originales et réussies, issues de mélanges inattendus.
Toujours en train de zigzaguer entre les genres, Dave Longstreth fait de Bitte Orca un album d’une extrême richesse. Sans tabou, il nous fait voyager du folk orchestral sur "Two Doves", au R&B electro teinté de riffs arabisants sur "Stillness Is The Move". Il ose même l’album dans l’album, le mélange des genres dans un même morceau, avec "Useful Chamber". Un fil conducteur est malgré tout présent dans ces méandres artistiques : l’utilisation de la voix comme instrument à part entière. Dave Longstreth fait la part belle aux chœurs cristallins, ceux de ses deux complices féminines Amber Coffman et Angel Deradoorian – les deux visages de la pochette –, tout en s’autorisant également plusieurs interventions vocales des plus charmantes.
Pour tous ceux qui avaient eux la chance de voir Dirty Projectors se produire sur scène, ils retrouveront avec Bitte Orca cet univers art-pop qui leur est propre, peut-être plus abouti encore.
David Byrne, fan revendiqué et ponctuellement collaborateur du groupe, conclut pour nous extrêmement justement : "[Dirty Projectors, un son] complètement étrange et curieusement familier à la fois".
Bien dit. |