J’avoue aimer de plus en plus les romans des grands espaces américains, les road-trip humanistes et émouvants. Si vous êtes comme moi, ce premier ouvrage de Christopher M. Hood, directeur du programme de création littéraire de la Dalton School, est fait pour vous.

Avec cet ouvrage, L'heure du retour, l’auteur nous propose une odyssée familiale haletante à travers les routes d’une Amérique en cendres. L’histoire se déroule dans l’État de New York, dans quelques décennies, en 2040 pour être précis.

Bill et Penelope mènent une vie à peu près normale. Certes, leur pelouse a laissé place à un potager, et ils se nourrissent désormais de leurs légumes. Ils ne dorment plus dans leur chambre, mais sur un matelas près de la cheminée. Quelques clients fréquentent encore le cabinet de psychologue de Bill, cependant ils le paient non plus en dollars mais en boîtes de conserve. Des lubies ? Non, simplement un virus venu des glaces de l’Islande qui a décimé le monde, privant les hommes d’à peu près tout, faisant disparaître dans son sillage les matières premières, l’ordre social et la civilisation.

Lorsque Bill et Penelope apprennent que leur fille Hannah, coincée sur son campus en Californie depuis le début de l’épidémie, a rejoint un culte inquiétant appelé le Revival, le couple décide de traverser les États-Unis dans leur vieille Subaru pour voler à son secours. Mais sur un territoire en proie à l’anarchie, aux gangs et à la radicalité extrême, leur voyage va s’avérer pour le moins périlleux.

On est, vous l’avez compris, dans une sorte de roman post-apocalyptique très bien écrit, superbement addictif, nous faisant traverser avec ce couple des paysages désertiques. Ecrit à la première personne, avec Bill qui nous raconte donc son périple, ses états d’âme et ses nombreuses rencontres, l’ouvrage nous fait beaucoup réfléchir sur le couple, sur la mixité sociale et raciale, sur les gangs aussi très présents dans l’ouvrage.

On n’est dans le roman thriller avec une écriture nerveuse et des chapitres courts qui s’enchaînent. Ici, tout est dans la lenteur et la description (psychologique et paysagère aussi). On est dans le roman de l’instant avec des longs chapitres qui nous décrivent le couple et les rencontres qu’ils font au fur et à mesure de leur parcours. Evidemment, la densité du récit s’appuie quand même sur des rebondissements, des coups de théâtre inattendus très plaisants pour le lecteur.

À travers ce road trip déchirant de beauté, porté par l’humanité de personnages inoubliables, Christopher M. Hood mêle donc le roman familial et la fresque post-apocalyptique avec un sens de l’équilibre qui force l’admiration. Peignant notre monde des couleurs les plus sombres, il place néanmoins un fol espoir en l’humain, se demandant si les pires catastrophes ne sont pas aussi une occasion de réapprendre à s’aimer.