Spectacle écrit, mis en scène et scénographié par Tamara Al Saadi avec Justine Bachelet, Eléonore Mallo, Tamara Al Saadi et Jennifer Montesantos
En arrivant dans la salle, les spectateurs découvrent un dispositif trifrontal autour de l'espace de jeu. Côté jardin, une longue table couverte d'objets hétéroclites, entourée de micro. C'est là que se tiendra Eléonore Mallo, la créatrice sonore, qui bruitera en direct le spectacle.
Au fond, un panneau sur lequel se déroulera une toile indiquant les différentes parties de cette histoire. Celui-ci sera manipulé par Jennifer Montesantos, qui sera également à la mise en place des éléments de scénographie.
Et sur la droite, un panneau de bois où un système de cases permet à la maîtresse de cérémonie (par ailleurs autrice, conceptrice et metteuse en scène), Tamara Al Saadi, de guider l'action et l'intervention des spectateurs à qui des livrets de différentes couleurs ont été remis à l'entrée de la salle. Chaque partie contenant un texte à dire avec différents niveaux d'intensité.
Et sur scène enfin, une seule comédienne : Justine Bachelet, qui jouera tous les personnages. Tout peut alors commencer.
D'abord par des actions simples (éplucher les légumes, balayer le sol, allumer le feu), elles posent l'ambiance (non sans humour) pour en arriver au personnage central.
L'histoire c'est celle de Louis. En 1914, à 19 ans, il est vendeur de mouron dans les parcs et discute régulièrement avec un oiseau.
Soudain, la guerre est déclarée. C'est la mobilisation générale et Louis est envoyé au front à Rouen.
Par l'attention qu'elles mettent à installer les différentes séquences avec application, le spectacle prend un charme indéfinissable.
Certes, le dispositif participatif n'est pas toujours concluant, les répliques dites par les spectateurs (et sans intention particulière) se révélant peu audibles mais qu'importe, il permet à chacun de s'impliquer un peu dans ce travail collectif. Et c'est le principal.
A voix douce, Justine Bachelet transmet toutes les interrogations et émotions de Louis qui peu à peu va se faire broyer par l'inhumanité de la guerre. On est avec lui dans les tranchées, ressentant l'obscurité et l'humidité. Comprenant avec le bruit des obus, la peur et le désespoir.
Avec une vraie délicatesse, Tamara Al Saadi crée des images très fortes comme ces figurines plantées sur un tas de terre pour figurer les morts des deux camps.
La fin bouleversante donne à cette forme courte d'un style très original toute sa nécessité pour parler de façon très simple et pertinente de l'absurdité de la guerre.
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